89ème jour

23/06/2012 22:54

Aujourd'hui, j'ai pleuré de joie, envahie d'émotion en lisant le mail de mon frangin, mon poteau Fred. Je suis tellement heureuse de savoir que les histoires avancent pour les autres aussi. Ses messages que je reçois de vous sont mon oxygène, en plus de tout celui que je respire chaque jour, au grand air, qu'il soit pluvieux, venteux et soleilleux. C'est le même pour tous: pour ces deux petites filles amenées ce matin à la roulotte par une grand-mère aimante et qui ont fait un petit kilomètre dans notre embracation. Le même pour mes amies du nord, du sud, de l'est qui me disent qu'elles ont la pêche ou que la roue tourne pour elles. Le même pour Alain, croisé sur la route avec un grand sourire et un signe de la main que nous avons retrouvé sur notre arrêt: lui en canöé, nous avec notre maison. Le même pour Hercule et Nox qui ont transpiré sous le soleil pour nous amener jusqu'à ce joli Lac des Ducs à Taupont, près de Ploërmel et le même aussi, là-bas en bas de la France, sur l'île de beauté où se sont posés Mamie et Baba pour deux semaines corses entre amis.

Lisa aussi a respiré le grand air, responsable de ses envies et de ses choix. En passant devant une aire de bêtes en plastique gonflable qui font un bruit de turbine, ses yeux se sont écarquillés et la terre pouvait bien exploser demain si elle pouvait sauter quelques heures sur ses gros boudins remplis d'air et d'enfants joyeux. Nous y sommes donc allées, toutes les deux par les chemins qui longent le lac et après sa belle promesse de se souvenir de ce moment "quand elle aura 18 ans et qu'elle quittera la maison" !

Nous arrivons toutes pimpantes au club tant attendu mais le "chef des loupiots", soucieux d'égalité infantile ne veut pas faire un geste: c'est 6,50 euros la journée...pour tous et toute l'année...il reste deux heures...Lisa a 5 euros dans sa tirelire portable. Je le regarde dans les yeux, lui disant que l'égalité n'existe pas, et tout le discours que je suis capable de tenir face au monde qui m'entoure. Lisa ne dit rien, elle sert fort son porte-monnaie à rayures pour conjurer le sort et comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis (ou qui ont peur à leurs structures en caoutchouc quand je lui dis que nous circulont en roulotte?!?!), il accepte le billet gris de Lisa, lui rendant même un soleil de un euro et c'est parti pour des bouing-bouing non stop jusqu'à épuisement. Pierre et Paul jouent aux cartes, travaillent in english et se promènent au bord du lac en attendant l'heure où le soleil descend dans les arbres et où H&N nous appellent pour un peu d'eau et quelques calins.

Pas d'épuisement pour ma sauterelle mais de doux rêves colorés et ventilés; Pierre bouquine un bon polar, Paul cherche le sommeil et moi, je vous redis mon plaisir de savoir tout ce monde heureux et pour les autres...bah, ça devrait venir !