55ème jour
Aujourd'hui, c'est le jour du grand Pardon, le lendemain de la Saint Yves; c'est la fête à Tréguier. Y' parait que c'est plein d'avocats de France et de Navarre et qu'il y a eu la traditionnelle procession. C'est c'qu'on nous a dit parce qu'une fois de plus, aujourd'hui, c'est plus une journée à manger des car-en-sacs et des cocobats, enroulés dans la couette version rouleau de printemps breton que de défiler avec des fleurs dans les cheveux. Le printemps breton, c'est du crachin et parfois de la vraie pluie froide, du vent froid aussi et une température de 10°C. Alors, on n'a pas bougé de notre petit coin de paradis: on s'est offert les croissants du dimanche, Gipsy a sauté après les canards dans la vase; dur de dire quel chien c'est...un chien mouillé, c'est un chien mouillé...plus de race, plus de pedigree, c'est un chien et c'est tout: l'eau pour les chiens c'est l'égalité pour tous !!!
On a chauffé la roulotte grâce à la confection des dernières galettes et puis nous sommes partis pour une petite rando en famille: chacun sa laisse...Paul avec Gipsy au bout, Pierre avec Hercule au bout et Nox avec moi au bout...et Lisa, ne se sentant pas une âme de randonneuse, est montée sur le gros dos d'Hercule. De là-haut, elle a pu apprécier le paysage vallonné, voir au dessus des jolis talus et dominer les lavoirs à lin (les routoirs) qui parsèment les chemins autour de Pouldouran. De retour sur la "grand place", nous avons fait tourner H&N comme sur une piste de cirque mais sans les étoiles et sans l'orchestre. Une dame est venue à notre rencontre: Ouest France 3ème et après les questions traditionnelles, auquelles Paul a répondu avec fierté et plaisir, elle nous a embarqué dans sa boîte à moteur en direction du moulin Rolland, ancien lieu du teillage du lin. On a eu le droit à une chouette visite du hangar dans l'jus, avec Janine, la fille du patron d'autrefois. Paul et Lisa ont peigné le lin et sont repartis avec quelques échantillons de filasse et d'étoupe.
Quand j'serai grande, j'aurai des draps en lin, des vrais, bien lourds qui pèsent sur les pieds et comme je ne repasse pas, ils seront tout froissés et je verrai leur jolie trame ressortir en relief...
En attendant de grandir, je suis allée à la pêche avec Paul, sous la pluie battante, dans le vent pour attraper les mulets qui nous avaient nargués hier. Pas si bête que ça, le mulet, y'sont pas revenus...ou alors on les a pas reconnu...ou alors, ils aiment pas l'eau de pluie...ou p'être qui z'aiment pas être mouillés !!! Nous en tout cas, on est revenu trempés alors on a mis l'poele en route et c'est comme dans une vraie maison quand il pleut dehors et qu'il fait froid: on se pose tous dans la même pièce (ça tombe bien !), on lit, on écrit, on écoute de la musique et quand on regarde dehors, on s'dit qu'on est bien où on est !